Sénégal : le Parc des Technologies Numériques livré d’ici fin 2023
Les travaux sont à un taux d’avancement global de 90 voire 95 % selon Bassirou Ba, le Coordonnateur du Parc des Technologies Numériques du Sénégal (PTN).
Dans une salle devant servir d’accueil pour le Datacenter de Diamniadio, à la périphérie de Dakar, Bassirou Ba attend à peine que nous lui posions une question pour qu’il commence à développer. Sans omettre un détail, il raconte la façon dont cette infrastructure a été pensée et mise en œuvre.
« Le PTN est une réponse que le président de la République adresse aux besoins des secteurs prioritaires de l’économie, mais aussi à ceux du privé local et régional, pour le développement de leurs activités. C’est un parc qui permettra aussi d’asseoir la volonté exprimée par les politiques publiques de faire du Sénégal un hub des services », a expliqué le Coordonnateur du Parc des Technologies Numériques du Sénégal (PTN), le casque bien ajusté.
La construction de ce joyau, lancée le 30 décembre 2019, devait durer 3 ans. Mais la pandémie de la Covid-19 et la guerre en Ukraine ont fortement impacté les coûts des matériaux et bouleversé les chaînes d’approvisionnement. Conséquence, les promoteurs ont dû revoir leur plan initial.
« Nous avons tenu compte de ces réalités et des dossiers ont été soumis pour permettre de prendre en compte ces paramètres. Nous avons bon espoir d’avoir l’aide qu’il faut pour finir définitivement les travaux et réceptionner cette année le parc. Car nous sommes à un taux d’avancement global de 90 voire 95 % », a indiqué M. Ba.
« Nous sommes sur la dernière ligne droite. Nous avons commandé la pergola qui va surplomber et alimenter en énergie solaire les trois tours de bureaux. Ensuite, nous allons poser le bitume sur la voirie interne et installerons le reste des équipements », a-t-il assuré.
Pour cette première phase, le PTN disposera d’infrastructures très importantes comme le Datacenter Tier 3 doté de 1000 m² de salles IT. Celui-ci mettra à la disposition du secteur privé national et international des services cloud, mais aussi devrait répondre à la problématique de la souveraineté des données.
Au-delà du bâtiment abritant le centre des données, trois tours ont également été construites. Des bureaux prêts à l’emploi y seront installés pour attirer les entrepreneurs locaux et les entreprises étrangères. « Le Sénégal ambitionne de se positionner comme un centre de service international à l’image de certains pays qui ont réussi leur transformation digitale. Nous avons identifié ce levier comme une grosse opportunité pour créer des emplois, attirer des devises et par ricochet avoir un effet macroéconomique à travers la réduction de notre déficit commercial », a souligné le Coordonnateur du PTN.
Pour booster la créativité dont fait montre la jeunesse sénégalaise, le PTN accueillera aussi un centre dédié aux start-ups dans le but de développer une vraie culture de l’innovation. Il proposera des programmes d’accélération pour compléter l’offre au niveau national. Juste à côté, deux autres centres verront le jour : l’un pour la recherche et le développement, et l’autre pour la production audiovisuelle et de contenus digitaux. Enfin, un établissement axé sur la formation permettra, grâce à des programmes de curricula rapides, de mettre à jour les compétences locales.
Le marché sous-régional dans le viseur
Après la Société nationale des télécommunications (Sonatel), Sénégal Numérique SA et l’opérateur mobile Free, le Datacenter du PTN va être le quatrième à être opérationnel sur le marché sénégalais. Se pose alors la question de l’utilité de cette multitude de centres de données dans un marché aussi réduit. De l’avis du Coordonnateur du Parc des Technologies Numériques de Diamniadio, « le fait d’avoir une concurrence ou une offre diversifiée du point de vue des acteurs est une bonne chose ». « Cela a d’ailleurs plusieurs vertus parce que tous les pourvoyeurs de ce service seront obligés de proposer de la qualité », a-t-il soutenu.
Par ailleurs, a-t-il poursuivi « quand nous regardons les tendances sur l’ensemble des activités économiques, nous voyons que ces Datacenters sont une nécessité. Il y a des besoins pour l’administration et d’autres pour le privé. C’est donc la qualité du service qui fera la différence ».
Ces dernières années, des efforts significatifs ont été consentis par les pouvoirs publics en vue de faire du pays un hub logistique. Avec le PTN, le Sénégal, en plus de cela, veut se positionner sur le marché très promoteur des technologies numériques.
« Le PTN est un hub sous-régional. Nous aurons la capacité, à travers nos entreprises et l’outsourcing, d’aller chercher des marchés dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et même au-delà. Et grâce à l’externalisation de certains services, le Sénégal pourra répondre aux besoins exprimés au niveau international », espère Bassirou Ba.
À l’en croire, c’est un moyen d’anticiper « d’énormes besoins en termes de gestion de données et de calculs par rapport aux tendances économiques que nous avons et les tendances technologiques ». « Après, il faut s’assurer d’avoir la maîtrise de ces compétences et d’être très réactif par rapport aux tendances. Car une technologie peut très rapidement être désuète », a-t-il relevé.
La cybersécurité est un élément critique intégré dans l’ensemble des spécifications du Datacenter de Diamniadio. Et selon le Coordonnateur du PTN, il est prévu une bonne prise en charge des menaces pour parer à toute attaque. L’obligation d’avoir la disponibilité, à tout moment, des ressources logées au centre de données est en effet de mise dans ce milieu.
Mais, le difficile accès au parc est un facteur de risque sur son attractivité. Ce problème est, d’après M. Ba, en phase d’être résolu. « En termes de linéaire, nous ne sommes pas très loin d’atteindre le site parce qu’il y a une partie de la voirie qui est déjà réalisée », a-t-il affirmé.
(Source : Sud Quotidien, 24 mars 2023)